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Portraits d'anciens

Louis Jean Baptiste Trotobas dit « Berlingot » (1882-1926) ►

Louis Jean Baptiste Trotobas, surnommé « Berlingot », est né à Marseille le 24 juin 1882. Il est le fils de François Lucien Trotobas (marchand de bois et de charbon) et de son épouse Elisabeth, Pauline Séverine Perrin (ouvrière journalière).

Boucher de formation Louis Trotobas devient artisan confiseur forain, après sa rencontre avec Rose Maximilienne Aurore Janselme, l’un des filles d’Edouard Joseph Janselme, fondateur de la célèbre marque de confiseries foraines « Berlingots Mignon« . Ensemble ils tiennent quelques années un stand de confiserie et auront plusieurs enfants, jusqu’au décès brutal de Rose à Lunel en 1912. Elle n’est alors âgée que de 29 ans.

D’août 1914 à début 1919 il participe à la grande guerre dans un Régiment d’Artillerie de Montagne. Démobilisé en février 1919, il se marie sur Nice et reprend son activité de confiseur.

Il décède seulement 5 ans plus tard, le 13 décembre 1926 sur Marseille. Il n’est âgé que de 45 ans.

Artisan Confiseur « Berlingots Mignon »

Louis Trotobas effectue son service militaire du 16 novembre 1903 au 18 septembre 1906, à Nîmes au 19 régiment d’artillerie.

C’est sans doute au cours de cette période militaire sur Nîmes et très certainement à l’occasion d’une fête foraine, qu’il rencontre sa future compagne Rose Maximilienne Aurore Janselme, installée avec sa famille dans la région de Nîmes, à la tête des célèbres confiseries foraines « Berlingots Mignon« .

A l’issue de son service national, il s’établit avec Rose comme artisan confiseur forain et tient avec elle pendant plusieurs années un stand de confiserie « Berlingots Mignon« . Pendant cette période, il est également correspondant local de presse pour le journal “L’intermédiaire forain”.

Le couple parcourt les fêtes foraines du sud de la France et vit en union libre jusqu’au décès brutal de Rose à Lunel en 1912 à l’âge de 29 ans. Ils auront eu ensemble plusieurs enfants.

En 1917, alors qu’il participe à la construction du camp militaire de Souge en Gironde, il écrit un poème ou il revient sur les épisodes douloureux de sa vie et en particulier le décès de sa compagne Rose.

A 30 ans
 A 30 ans à la fleur de notre âge
Le malheur après moi s'agrippa avec rage
Et de son premier choc je fus bien accablé
Il m'enleva un jour la femme que j'aimais
Il m'enleva l'amour, à mes enfants leurs mère
Faisant autour de nous le néant sur la terre
De mes pauvres bambins, je prie un soin intime
De les abandonner ce me parut un crime
Et je fis tout pour eux ce que homme peut faire
Je fus encore frapper par la terrible guerre
Comme tous les citoyens je dû prendre un flingot
Pour défendre la France pour défendre leurs peaux
Et je dû les laisser avec leur grand-mère
Ils sont presque orphelins ils attendent leurs père

Louis Trobobas, 1917 (à mes trois enfants)

« Poilu » dans la Grande Guerre

Suite au décret de mobilisation générale du 1er août 1914, qui marque l’entrée de la France dans la Grande Guerre, il rejoint le 2ème Régiment d’Artillerie de Montagne (2e RAM) basé à Nice. Il est alors âgé de 32 ans et fait parti de la réserve de l’armée active.

Ce régiment est l’un des deux régiments d’artillerie de l’armée française équipés de batteries de 65 mm qui sont transportées, démontées, à dos de mulets pour permettre le déplacement en terrain très accidenté.

Dès le mois d’août 1914, il est engagé avec son régiment, non pas dans les Alpes, comme le prévoyait initialement le plan de mobilisation mais dans les Vosges compte tenu de l’avancée des troupes allemandes sur le nord de la France et de la neutralité de l’Italie en ce début de guerre.

Un poème satirique qu’il rédige à Verdun le 25 août 1914 : « Le voyage de Guillaume II » (sur l’air « Le rêve de Drumont« ), nous révèle sa très probable appartenance à l’une des batteries de réserve du 2ème régiment d’Artillerie de Montagne qui est engagée dans la région de Verdun dès les premières semaines des hostilités. Il pourrait très bien s’agir de la 43ème batterie, partie en train, de Cannes, le 22 août et qui arrive le 24 août 1914 à Dugny-sur-Meuse à quelques kilomètres de Verdun.

Le voyage de Guillaume II 
 (sur l'air  "Le rêve de Drumont")

A la suite d'une inspection de son armée magnifique
Guillaume dit, j'ai l'intention à Paris de rendre visite
Je prendrais conseil de mon fils
Avec son esprit élastique (il) me dira d'aller, en taxi ou bien en train électrique
Etat Major dépêchez vous ! Vite que l'on fasse les malles
En France je veux entrer avant la saison hivernale
L'état major fit de son mieux, Guillaume avait l'esprit tranquille
(Ils) Mobilisèrent à qui mieux mieux les trains et les automobiles
Enfin les voila donc partis sur la grande route de Belgique
Guillaume commence à sentir quelques symptômes de colique
Devant ce fait tout imprévu, grand émoi dans son entourage
Et se doutèrent tous ma foi que l’Empereur l'avez pas large
Le Kronprinz était inquiet, il s'en ouvrit à Moltke
Qui répondit, prince héritier, voici ma vue qui est la votre 
Je crois bien que l'on est refait et que Mr votre auguste père 
Va nous faire casser le portrait et démolir la cafetière

Le 25 août 1914 à Verdun
 Louis Trotobas  (à mon fils François)

En 1916, après 2 années sur le front, il rejoint, comme les autres hommes de sa classe d’âge, l’armée territoriale, constitué d’hommes de 34 à 49 ans, qui sont alors considérés comme trop âgés et plus assez entraînés pour être engagés sur le front. Il est affecté jusqu’en 1918 à l’arrière du front à la 63ème Batterie de dépôt, stationné sur Nice. De novembre 1917 à fin janvier 1918, il participera à la construction du camp militaire de Souge en Gironde, pour préparer l’arrivée des contingents du corps expéditionnaire Américain qui utilisent Bordeaux comme port de débarquement.

Il est promu Brigadier le 1er juin 1917 et sera démobilisé le 9 février 1919. Il se marie et reprend pour quelques années son activité de confiseur forain sur Marseille et sa région.

Le chant et la poésie comme passions

Qu’il soit artisan confiseur forain ou « Poilu » engagé dans la grande guerre , il reste passionné par la poésie, les chansons populaires et l’opéra (il avait par ailleurs été trompette de son régiment los de son service militaire en 1904).

Il recopie dans un carnet plus de 50 chansons populaires des cafés-concerts de ce premier quart du XXe siècle, qu’il illustre pour la plupart de dessins romantiques. Il retranscrira également dans ce carnet une version de la célèbre chanson de Poilus « Fleurs de Nieuport » (seule chanson datée de son carnet – 9 décembre 1920, Tunis -).

« Le bonheur d’être aimé« , extrait du carnet de chansons de Louis Jean Baptiste Trotobas (1882-1926)

Entre 1914 et 1918, il écrit aussi plusieurs poèmes et chansons qu’il dédit à ses enfants, parents ou amis et qu’il consigne dans un carnet de vers libres et de chansons.

Après-guerre, il assiste aux opéras donnés sur Marseille souvent accompagné de ses enfants. Il jouera, sans doute un rôle important dans l’orientation artistique de son fils Socrate François Trotobas dit Francis T (également surnommé « Berlingot »), qui mènera une double carrière de chanteur-parodiste/ organisateur- animateur de spectacles et de confiseur forain.

Louis Trotobas avec son fils François (Francis T)

Sources :