Berlingots Mignon dans la littérature

Les journalistes, auteurs et autres conteurs convoquent souvent les enseignes de la marque Berlingots Mignon pour décrire l’ambiance, les couleurs et les odeurs des fêtes foraines.

« Je ne sais si la dynastie des Mignon exerce encore son activité savoureuse : que n’aurais-je donné pour savoir, comme les demoiselles Mignon aux bras blancs, nouer et dénouer les longues coulées de sucre à berlingots, pareilles à des écheveaux vermeils ! »

Robert Burnand, La vie quotidienne en France de 1870 A 1900, Paris, Hachette, 1948, p. 51.

« Beaucoup ont encore le souvenir des berlingots Mignon fabriqués sur place. Nous regardions cette merveilleuse pâte de sucre mixée à chaud, puis travaillée, roulée, allongée à la main, coupée aux ciseaux et vendue en gros berlingots fixés au bout d’un bâtonnet ou en longs « sucre d’orge  ». La pâte était parfumée de couleur verte, rouge, blanche. Chacun de nous se délectait avec cette sucrerie encore chaude et tout alentour ce mélange de parfums était la caractéristique de cette foire foraine ».

Jeanne Deval, Ces années passées – Romans – Bourg-de-Péage – 1900-1939, Deval, 1988.

« Il y avait l’immense camion blanc des berlingots Mignon dont tout un panneau était orné de glaces biseautées. Ces propriétaires étaient des amis … Ils m’offraient à leur tour des berlingots de toutes les couleurs, verts, jaunes, rouges, légèrement acidulés, vraiment délicieux, ou alors des pralines : je les trouvais encore meilleures que les berlingots que pourtant j’adorais. Et puis il y avait ces pommes toutes rouges, enrobées de sucre, dont j’étais aussi tellement gourmand ! Je suçais le bâton à la fin, pour me consoler d’avoir fini, mais ça ne valait tout de même pas les berlingots, les pralines ni même la barbe à papa ».

Pierre Perret, Le café du Pont – Parfums d’enfance, Robert Laffont, 2005, p. 188 – 189

En 1968, Jacques Garnier, collectionneur et auteur connu de plusieurs livres sur le monde du cirque, écrit une page sur l’histoire de la marque « Berlingots Mignon » dans un livre qu’il consacre au monde forain. La description qu’il fait de la genèse de cette histoire est toutefois plus proche du roman que du livre d’histoire !

Jacques Garnier, Forains d’hier et d’aujourd’hui, un siècle d’histoire des forains, des fêtes et de la vie foraine, Orléans, l’auteur, 9, rue Jules-Lemaître, 1968.

Le témoignage de Basile Champ, alors âgé de 27 ans, à la tête d’une confiserie Mignon (p. 16 et suivantes)

« Profession ? Forain » (un livre d’Annie Lorenzo dans la collection « Profession ? ») Editions Charles Massin, Paris, 1985.



« … Les berlingots, à la même époque, pénètrent sur le champ de foire. Ces bonbons tirent leur nom de l’italien berlingozzo qui désigne une sorte de macaron. Vers 1890, Maximilien, un producteur d’allumettes ruiné par la disparition du monopole, se mit à fabriquer des berlingots vendus par sa femme sur un étal de fortune. Était-ce la beauté de la vendeuse, surnommée la Mignonne, ou le goût délicieux de ses sucreries qui firent le succès de la boutique ? La confiserie, devenue foraine, fut si appréciée que le mari de la Mignonne en déposa la marque sous le nom de Berlingot Mignon. La progéniture du couple fut telle qu’on ne compte plus aujourd’hui les boutiques de sucreries foraines à l’enseigne des Mignon.
Berlingots et guimauves participent doublement de l’atmosphère de la foire. Non seulement, ils ne sont pas consommés par appétit mais par pur plaisir, ce qui est le propre de la fête, mais leur fabrication est souvent réalisée en public par le forain. Le parfum et la vue des torsades colorées, sculptées par le confiseur, lui tiennent lieu alors de parade.
». p. 59-60.

«Il était une fois la fête foraine … de 1850 à 1950». Exposition parc et grande halle de la Villette, 18 sept. 1995 – 14 janvier 1996

La carte postale « Berlingots Mignon – 50 ans de succès » a été utilisée pour illustrer une page de cet ouvrage de référence sur l’histoire du Berlingot.

Maryvonne MATHIEU », La Grande Histoire du Petit Berlingot« , – Comtat-Collections-Expositions-Editions, 2003.

« Ce nouvel ouvrage a le goût du plastique d’une gourde d’enfant dans le jardin public, l’odeur musclée du chlore de la piscine d’été, le collant d’un berlingot de la confiserie Mignon à la fête foraine ».

Jean-Philippe Savignoni, Mon vieux Rodez et autres frissons des choses enfuies, 9 décembre 2020

« Devant les Berlingots Mignon, il fallut s’arrêter interminablement. Un athlète ceinturé d’un tablier blanc étirait une masse de pâte rose et mauve autour des crocs nickelés, la battait, la filait, la rebrassait. Il en fit une sorte d’œuf énorme, le ficela de quatre rubans de caramel, se remit à l’étirer … Une aide prit des ciseaux. Samuel était en extase devant les serpents bicolores que tronçonnait à mesure la femme ,en chiques ou en berlingots, selon la grosseur. Après s’être bourré, outre les frites et les »chichis », de pralines et de nougat noir, sous l’œil méprisant de sa sœur, il consentit enfin à quitter les abords de ses délices, emportant, logée dans sa joue, une chique au caramel pareille à une fluxion dentaire. »

Elisabeth Barbier, « Le jour ni l’heure », 1948, Paris, Renée Julliard, p. 59

 » Dans les travées des fêtes, point de restaurants snobinards : les marchands de douceurs ce sont les « bouffes ». Et chacun est le garant de traditions culinaires au sein desquelles la faible teneur en sucres ou en graisses passe loin derrière le plaisir du palais. Au menu : croustillons hollandais, gaufres bruxelloises et autres cochons en pain d’épice étaient déjà présents sur les foires du Moyen Âge. Ces gourmandises requièrent un tour de main très précis, souvent transmis de génération en génération, au sein de familles qui ont pu créer de véritables mini-empires ultra-caloriques. C’est le cas de la maison Mignon – près de cent ans d’existence –, qui régale la France entière. Dans des boutiques à l’esthétique raffinée, au kitch presque aussi sucré que la production locale, les « bouffes » débitent pralines, guimauves, pommes d’amour, crêpes, chichis, barbes à papa… Et aussi des spécialités régionales, telles que le nougat de Montélimar, dont le principal marché n’est pas la Chine ou les États-Unis, mais bien les fêtes foraines !

Gouyon Matignon, Louis, Tropical : L’histoire folle du monde forainConfiserie LGM éditions, juillet 2015